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Harcèlement : comment préserver les enfants neuro-atypiques

Comme chaque premier jeudi suivant les vacances de la Toussaint, ce 9 novembre est consacré journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Diversement déclinée dans les établissement scolaires, elle est l'occasion de sensibiliser à un phénomène persistant, dont il faut particulièrement protéger enfants neurodivergents, explique Myriam Bost, psychologue et co-autrice de "100 idées pour accompagner les jeunes neuro atypiques face au harcèlement".

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    « Je n’ai pas d’autre choix que me former seule »

    Garantir une solution d'accompagnement à chacun, à tous les âges de la vie et intensifier la formation des professionnels, notamment de l'éducation nationale. C'est l'engagement n°2 de la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement annoncée le 14 novembre. Un vrai besoin, témoigne Milla*, professeure des écoles depuis une quinzaine d’année dans une école publique rennaise, qui compte 13 classes dont une classe ULIS.  Cette année, elle enseigne aux élèves de CE1 et elle nous livre son vécu de l'école inclusive : actuellement, avec "les moyens du bord", c'est difficile.
    16/11/2023

    Les enfants neuro-atypiques sont-ils plus à risque d’être harcelés ?

    Myriam Bost. Les seules données chiffrées dont on dispose portent uniquement sur le harcèlement des personnes avec un trouble du spectre de l’autisme  (TSA). Une étude menée en 2013 par une équipe du Kennedy Krieger Institute à Baltimore (USA) a révélé que 38 % des enfants avec TSA déclarent avoir été harcelés de façon continue pendant plus d’un mois. 28 % disent que c’est fréquent. Plus récemment, en 2019, Simon Baron-Cohen, psychologue et chercheur britannique renommé dans le domaine de l’autisme, a publié une étude portant sur les événements négatifs vécus par un groupe de 426 personnes. Une partie avait un TSA, l’autre non. Résultat : 70 % des personnes du groupe TSA déclarent avoir été harcelé par un(e) camarade. Ils ne sont « que » 9% dans le groupe sans TSA. Même si l’on ne peut pas le quantifier pour les enfants atteints de troubles spécifiques des apprentissages, ou de TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), cela montre que les enfants porteurs de handicaps ou de particularité cognitive sont plus à risque d’être la cible de comportements violents.

     » Si l’on n’explique pas aux enfants comment comprendre leur camarade, les réactions de rejet peuvent assez vite se manifester vis à vis de celui qui sera jugé « chelou »

    Pourquoi ?

    M.B. Un enfant atteint de neurodiversité ne comprend pas forcément complètement les enjeux de la relation avec les autres. Les règles de conversation par exemple, comme le fait de parler à tour de rôle. Il peut parler trop, ou pas assez ; ne pas comprendre l’implicite ou l’ironie. Il peut être jugé trop sérieux, si à 6 ans il se passionne pour l’espace- dont il sait tout- quand les autres s’intéressent aux Pokemon. Ce sont de petites choses, a priori banales. Mais toutes ces maladresses dans la création du lien avec les autres peuvent agacer, ou être perçues comme étranges. Si l’on n’explique pas aux enfants comment comprendre leur camarade, les réactions de rejet peuvent assez vite se manifester vis à vis de celui qui sera jugé « chelou ». Très tôt et particulièrement à l’adolescence. 

    Il suffit donc d’être « différent » pour risquer être victime de harcèlement ? 

    M.B. Non, car le harcèlement n’est pas un problème de personnes mais de relation. On en parle toujours comme s’il n’y avait que deux postures : la victime et un « mauvais enfant harceleur ». Or il faut absolument sortir de cette idée si l’on veut vraiment résoudre le problème du harcèlement, et tenir compte de la troisième posture : les témoins. Il y a beaucoup d’enfants tout autour, mais on ne les aide pas, alors que s’ils interviennent, il y a toutes les chances pour que le harceleur cesse. Se contenter de lui confisquer son téléphone n’y suffira jamais, si l’on ne prend pas en charge les trois postures !

    Comment repérer si mon enfant est harcelé ?

    M.B. En étant attentif à tout changement radical de comportement. Si son alimentation ou son sommeil deviennent très perturbés, avec beaucoup de réveils et cauchemars par exemple ; s’il était expressif et joyeux et devient totalement introverti et renfermé, ou agressif ; s’il se désinvestit d’activités qu’il adorait  : vigilance !  Mais ouvrir la discussion de manière classique par un « ça c’est bien passé à l’école aujourd’hui » ne correspond pas forcément à sa capacité de compréhension. On ne l’attaque pas bille en tête en lui demandant si les autres l’embêtent non plus : l’enfant neuro-atypique n’identifie pas tout de suite qu’il est harcelé. Il faut instaurer un environnement qui va permettre de recueillir sa parole. Comment ? En le faisant régulièrement parler des choses agréables qu’il vit à l’école, et de celles qui lui sont désagréables, pour que ce ne ne soit plus un tabou. De sorte que s’il vous dit un jour que tout le monde a ri parce qu’il a fait des grimaces, vous pourrez lui demander s’ils riaient avec ou contre lui. Si l’enfant a des difficultés de langage oral, on a parfois besoin de supports visuels pour l’aider.

    Et comment lui apprendre à s’en protéger ? 

    M.B. En travaillant d’abord sur sa confiance en soi : on la stimule au quotidien, en lui confiant des missions en famille par exemple. Puis on l’entraîne à savoir comment réagir si on se moque de lui. Aller voir un adulte ? Bien sûr, mais ce n’est pas la seule possibilité. Il n’y en pas pas forcément toujours à proximité au moment où cela se passe, au collège notamment. Quand il y en a, en primaire, le personnel périscolaire n’est pas forcément formé au harcèlement, et encore moins à la neurodiversité. Il faut donc entraîner l’enfant à savoir quoi répondre si on se moque de lui. C’est un véritable entraînement, pour qu’il devienne capable de répondre rapidement, mais on peut le faire comme un jeu. Il existe d’ailleurs un jeu de société très bien fait, Takattak (Si-Trouille éditions) pour prendre à travailler sa répartie en s’amusant : on tire une carte avec une phrase assassine et on imagine toutes les possibilités de réponses du tac au tac-sachant qu’il n’y en a pas de mauvaise !

    L’institution scolaire ne s’en préoccupe-t-elle pas assez ?

    M.B. L’institution se contente malheureusement de petites mesures quand on a besoin que ce soit le système qui change, pas les personnes. Il est illusoire de croire qu’on s’en sortira en punissant, en excluant les harceleurs. A l’ère des réseaux sociaux, cela n’arrêtera pas forcément le harcèlement et cela ne fait que déplacer le problème. 

    Quelle serait la bonne solution ? 

    M.B. Elle repose en grosse partie sur la formation des adultes à des méthodes comme la préoccupation partagée. Cette approche consiste à s’appuyer sur des équipes d’adultes formés au harcèlement, au sein des établissements. A partir du moment où un problème est repéré, tout le monde, victime, témoins et harceleur est entendu séparément. Pas de façon punitive : le but est d’amener les uns et les autres à réfléchir comment faire cesser la situation, à développer de l’empathie. Cela change la dynamique de la relation. Certaines écoles y sont déjà formées : dommage que ça ne soit pas encore développé au niveau national.

    Les adultes en milieu scolaire doivent aussi être formés à la neurodiversité. Parfois, ils n’identifient pas le problème de l’enfant, ne comprennent pas l’impulsivité du TDAH. Cela aboutit à ce que parfois l’enfant neuro-atypique, se contienne face au harcèlement, jusqu’à l’explosion. Voire à ce qu’il devienne à son tour harceleur, en stratégie de survie. Et c’est finalement lui qui se retrouve en position d’accusé, parfois prié de changer d’établissement. Ce qui ne fait, encore une fois, que déplacer le problème. 

    Propos recueillis par

    Claudine Proust


    Les nouvelles mesures du gouvernement

    Le 5 septembre dernier, Nicolas, 15 ans, victime de harcèlement se suicidait à Poissy (Yvelines), alors que ses parents avaient alerté l’institution scolaire. En vain. Trois semaines plus tard, devant l’émotion suscitée par ce énième suicide d’élève harcelé, le gouvernement présentait un nouveau plan interministériel de lutte contre le harcèlement, qui se décline en plusieurs mesures.

    -Une numéro d’appel unique pour signaler tous les cas : le 30-18, numéro d’urgence gratuit et anonyme jusque-là dédié au cyber-harcèlement.

    -Une journée de sensibilisation. Le 9 novembre, journée internationale de lutte contre le harcèlement scolaire, tous les établissements scolaires sont invités à consacrer deux heures à une sensibilisation.

    -L’ensemble du personnel éducatif, enseignants, AESH, personnels d’encadrement doit être formé sur le sujet d’ici la fin du quinquennat.

    -Généralisation à partir de la rentrée 2024, de l’expérimentation de cours d’empathie, sur le modèle danois, une fois par semaine, dans au moins une école par département

    -Constitution d’une cellule dédiée au harcèlement scolaire dans chaque rectorat, avec des personnels formés. Ces équipes académiques seront amenés à se déplacer dans les établissements lorsqu’un problème y est signalé. Lors de l’examen des crédits du projet de budget 2024, dédiés à l’Education nationale, le 3 novembre, l’assemblée nationale a voté l’amendement défendu par le ministre de l’éducation nationale, allouant un budget de 30 millions d’euros à la création de ces brigades.

    -Des sanctions : la juridiction des mineurs pourra décider de la confiscation du téléphone portable et le bannissement des réseaux sociaux du harceleur, de 4 mois jusqu’à un an en cas de récidive. La saisine du procureur sera systématique pour tout signalement assorti d’un dépôt de plainte.

     

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