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Une école… pour retourner à l’école

Dix-douze enfants par classe maximum, une pédagogie qui s’adapte aux besoins de chacun et des projets de scolarité sur mesure. C’est la ligne de conduite de Dix sur Dix. Conçue pour accueillir et donner une place aux malmenés et/ou délaissés de l’école ordinaire, cette petite école privée hors contrat a fait sa première rentrée en banlieue sud de Paris. Reportage.

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    Un joli soleil de septembre éclaire Inaya, à travers la fenêtre de la petite salle de classe, au deuxième étage d’un petit immeuble d’Ivry (Val-de-Marne). Classeur et trousse bien alignés sur le bureau auquel elle est installée seule, la fillette de 10 ans se concentre dans le calme sur la feuille d’additions que leur « maître »  a distribué à chacun à 9 h 30, pour la première séquence de cours du matin. Avec des barres colorées de petits cubes détachables, pour ceux qui ont  besoin de s’aider d’un support matériel et visuel pour compter.

     

    Inaya, 10 ans installée seule à un bureau dans l'école inclusive fait un exercice d'additionsBienvenue dans la salle du groupe 1 de l’école Dix sur Dix, qui rassemble 8 élèves. Ils ont entre 10 et 15 ans, n’ont pas tous le même niveau scolaire. Mais tous partagent un même vécu, difficile et douloureux, des écoles qu’ils ont fréquenté jusqu’ici : laissés en rade avec les difficultés d’apprentissage liées à leur neuroatypie (autisme, TDAH, troubles dys) et souvent, en butte au harcèlement de petits « camarades ».

    Inaya, qui ne supporte pas d’être dans un tourbillon bruyant au milieu de trop d’enfants, en a fait les frais, jusqu’à se tordre de maux de ventre tous les matins. Tout comme Ilyes, 11 ans, que ses parents avaient choisi de scolariser en primaire dans une école Montessori : « finalement pas très adaptée, souligne son père, parce qu’avec son TSA et son TDAH vraiment invisibles, il a besoin de cadre.»

    Nathanaël en a aussi fait l’expérience. Plus que volubile sur son sujet de prédilection-les Pokemon-ses yeux lancent des éclairs si on l’interroge sur le collège où l’adolescent de 15 ans était encore scolarisé l’année dernière : « je ne veux plus en entendre parler ! »

    Réhabituer les enfants à l’école

    Scolarisé est un bien grand mot d’ailleurs : « les trois dernières années, il y était accueilli quatre heures par semaine en moyenne en dispositif ULIS », confie sa mère. Hormis dans les cours d’art plastique où il était intégré, avec une enseignante à son écoute et bienveillante, « le collège l’a émotionnellement détruit, le conduisant à l’anorexie et la phobie scolaire. Après une école primaire où cela s’était bien passé, même s’il n’avait qu’un niveau CE1 en maths et en français, il a tout perdu. Le projet pour lui ici, poursuit la maman, c’est déjà de le réhabituer, lui montrer que l’école c’est pas si mal, et lui donner les bases (lire, écrire compter) pour pouvoir un jour travailler dans quelque chose qui lui plaît. »

    Pour les 7 adolescents autistes du groupe 2, que Morgane, l’enseignante spécialisée, fait travailler dans sa salle, avec découpages et collages pour les aider à visualiser la géographie de ce qui les entoure (l’école, la ville, le département, le pays…) l’école-quand ils ont pu y mettre les pieds- n’est souvent qu’un souvenir.

    Paul (son prénom est modifié) a 17 ans. Depuis 5 ans, il n’a rien connu d’autre que la maison, et ses parents aucun répit  :  « aucun établissement, ni école, ni IME, n’a voulu l’accueillir », explique Arthur Messi, fondateur de cette petite école inclusive, qu’il a choisi d’implanter en banlieue sud de Paris, à Ivry, pour réparer une injustice géographique :  « si vous regardez la carte des écoles privées hors contrat adaptées aux profils neuroatypiques, il y en a dans l’ouest Parisien, dans la capitale, mais aucune au sud de la Seine, qui puisse accueillir des élèves du 94, 91 ou 77 ! »

    La phobie scolaire, Arthur Messi connaît. Il a écrit un livre dessus *. Les « enfants abîmés » par l’école ordinaire, aussi. Sa première rencontre remonte à ses débuts de prof d’histoire-géo : « je corrigeais les écrits du bac et suis tombée sur une copie, très bonne sur le fond, mais écrite en phonétique. J’ai demandé à une collègue, qui avait 25 ans d’expérience, comment la noter. Sa réponse : puisqu’elle n’a écrit que son nom sans faute, tu lui mets 1/20 ! J’en suis resté KO debout» souffle-t-il, encore indigné aujourd’hui du sort ainsi réservé à une élève dyslexique.

    Leur montrer qu’ils ne sont pas seuls avec leurs différences

    Un déclencheur, qui lui a fait poursuivre sa carrière auprès d’autres enfants comme elle, dans des établissements privés hors contrat du CERENE, où l’on accueille et accompagne les petits cabossés de l’école ordinaire. Son ambition à Ivry est la même : « créer, en partenariat avec l’association médico-sociale des Papillons blancs des Hauts-de-Seine, un établissement qui puisse accrocher et raccrocher ces gamins multidys, TSA, TDAH ou en refus scolaire anxieux, à l’école.

    Il faut qu’ils soient heureux d’être là : sans ça, il n’y aura pas d’apprentissages possibles. »

    Ce qui compte pour commencer, c’est qu’ils puissent se dire je ne suis pas seul avec mes différences. On les prend comme ils sont. Avec l’ambition de les conduire au brevet pour certains. Et pour chacun, un projet individuel de scolarité construit avec les familles, qui liste les difficultés rencontrées par leur enfant, les aménagements indispensables à court terme, et les pistes d’orientation qui paraîtront les adaptées. Ma boussole pour tout cela est très simple : c’est le bien-être des élèves. »

    des cubes de couleur noirs et roses sur un bureau, distribués aux enfants dys de l'école Dix sur dix pour les aider à faire leurs additions

    Cela passe par un emploi du temps (9 h 30-15 h 30) qui concentre les séquences les plus scolaires le matin, une pédagogie « fondée à la fois sur la science et le bon sens », qui consiste essentiellement à adapter les enseignements- rendus le plus ludique possible- les supports et outils aux besoins de chaque enfant. « Sans cris, ni punitions pour devoirs non faits : il faut déjà qu’ils soient heureux d’être là : sans ça, il n’y aura pas d’apprentissages possible. »

    Avec des pauses aussi. Régulières et indispensables, pour éviter la surcharge cognitive et permettre aux petits hyperactifs de s’agiter quelques instants : dans la petite cour intérieure à l’aplomb des classes ou hors les murs, au parc municipal tout proche.

    A 11 heures, ce matin-là, la petite troupe des deux classes, dûment encadrée par les deux enseignants et trois accompagnants, s’y dirige pour une récré plus longue. Dix minutes de trajet à pied et deux traversées de route sont au passage l’occasion de réviser quelques classiques de sécurité routière.

    Une fois sur place, Morgane n’a pas assez d’yeux pour surveiller tout ce petit monde, qui s’attaque aux immenses structures d’escalade ou de glissade, tandis qu’Ilyes préfère se consacrer à ses dessins, sur un banc. Elle en profite aussi pour guetter et enregistrer les réactions de chacun. La rentrée à peine passée, « nous ne faisons que poser les bases pour savoir où ils en sont. Et ces récréations dehors sont un véritable outil pour nous. C’est là qu’on en apprend le plus sur eux-au delà de leur seules capacités scolaires : ce qui leur fait peur, ce qu’ils aiment… »

    Et à dix jours de la rentrée, cette école, ils aiment plutôt bien. Même si Nathanël est rentré en pestant un soir d’avoir des devoirs, « je ne le reconnais plus, salue sa mère : il revient vers nous, essaie de nous raconter ce qu’il a fait dans la journée. » Ilyes s’en est déjà fait un copain. Quant à Sabrina, elle savoure déjà qu’Inaya lui ait dit un soir « Maman, je suis bien, je suis heureuse. »

    Claudine Proust

    * Le refus scolaire anxieux, concrètement que faire ? Ed. Tom Pousse, mai 2024 (15 €)

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