{{ config.search.label }}
{{ config.login }}
{{ config.home }} > Et aussi > « La dyslexie est, intrinsèquement, un sujet politique »

« La dyslexie est, intrinsèquement, un sujet politique »

Jean Christophe Cambadelis raconte comment contourner sa dyslexie l’a mené à la politique
Ancien député, ancien secrétaire général du Parti Socialiste, écrivain et essayiste, Jean-Christophe Cambadélis évoque son parcours atypique : ses difficultés scolaires liées à la dyslexie et les stratégies de contournement qui lui ont permis de se frayer un chemin en politique.

{{ config.newsletters.subscribe.title }}


    {{ config.mag.related }}


    Des romans jeunesse pour faire lire les ados 

    Pour que les collégiens continuent à lire, les Editions Tom Pousse ont lancé AdoDys, une collection de romans jeunesse dont les héros sont tous atypiques. Avec des histoires qui parlent à tous les jeunes ados, et une forme adaptée aux troubles d'apprentissage aux héros.
    17/02/2024

    L’écriture inclusive, cauchemar pour les enfants dys ?

    Le point médian, inséré en fin de mot pour réduire les inégalités de langage entre les genres féminins et masculins, rend-il la lecture plus complexe pour ceux qui peinent déjà en raison de leur dyslexie ?
    23/01/2024

     

    « La main dans le dos

    Vers mes 10 ans, je suis élève à l’école publique  de Noisy-le-Sec. Je suis gaucher. L’instituteur décide que non, décidément, je ne dois pas écrire de la main gauche mais de la main droite ! Et il m’attache la main gauche dans le dos avec une grosse épingle. Évidemment, j’ai des difficultés à écrire, je repasse de la plume au crayon à papier et on m’expédie au fond de la classe ! J’inverse toute, j’écris « lion » à la place de « loin », je fais les multiplications à l’envers.

    Au bout d’un an, ma mère se rend compte de la gravité de la situation et me retire de cette école. Trop tard. J’étais devenu dyslexique, dysorthographique. J’ai passé la fin de l’enfance et le début de l’adolescence à lutter contre la dyslexie. Toute ma scolarité a été empêchée : j’ai multiplié les cours de rattrapage, le travail intensif, les cours durant les vacances.

    Mais, spontanément, j’ai tracé un chemin de traverse. J’ai hypertrophié le langage, l’acuité visuelle, l’expression, ce qui m’a permis de surmonter mon état. Mais à quel prix ! J’ai vécu avec cette hantise de me tromper quand on écrit un mot. L’enfant que j’étais se trouvait sous tension constante. C’était épuisant.

    « Saint Jean bouche d’or

    Ensuite, j’ai beaucoup pratiqué le théâtre, la danse, l’expression corporelle, toute activité qui faisait que je recevais une attention dont je ne bénéficiais pas dans la classe, où on me considérait comme « le mauvais ». Et puis, je me suis réfugié dans la lecture. Les livres étaient un moyen de développer un imaginaire qui me donnait aussi des armes, des arguments, des références. Le théâtre a été une planche de salut et a développé cette capacité à l’oralité : à la maison on m’appelait « Saint Jean bouche d’or » car je parlais sans arrêt ! En fait c’est la dyslexie qui m’a aiguillé vers l’oralité et m’a permis, adulte, de devenir un leader étudiant et ensuite de basculer dans la politique.

    « Dyslexie 

    Le terme « dyslexie » est arrivé fort tard, en 3éme. Ma mère a fini par me mettre dans une école privée où on acceptait des enfants en grande difficulté. En une heure de temps, la directrice a compris ma situation. Elle a aidé au contournement du problème. N’a pas cherché à ce que j’écrive sans aucune faute et m’a redonné confiance en moi. Elle m’a bombardé responsable du groupe théâtral, m’a fait faire du sport, monter un club : elle a accompagné le contournement de ma dyslexie.

    La confiance revenant, mon orthographe s’est très largement améliorée. Avant la 3éme, j’en étais au point de ne plus oser écrire. Alors qu’aujourd’hui  j’écris du matin au soir :  des livres, des pièces de théâtre, des messages, des posts… Finalement, la question importante c’est le regard. Quand vous subissez un regard discriminant, c’est très difficile de progresser.

    « Armée Rouge

    Ce qui est fou c’est que la dyslexie est étudiée, connue, caractérisée depuis les années 60. Mais personne ne s’empare vraiment du sujet. Pourquoi ? Probablement à cause du concept même de « l’Éducation Nationale». Au fond, cet instituteur qui m’accrochait la main dans le dos, était un pur produit de la République. L’égalité c’est imposer le même moule à tous. La logique de la République c’est de dire : ces Bretons, ces Alsaciens, ces Occitans, ils doivent oublier leurs patois et se fondre dans l’École de la République ! Ces gauchers ils doivent être droitiers! Le sujet de la dyslexie est, intrinsèquement, un sujet politique.

    Quand j’étais responsable politique, j’ai eu avec les différents ministres de l’Éducation Nationale de nombreuses discussions. Je dois dire que tous étaient conscients du sujet mais démunis quant à la démarche à suivre. L’école c’est, par essence, une armée. Les instits sont « les hussards noirs de la République » ! Accueillir des enfants avec des spécificités, cela signifie penser en termes d’individualisation du savoir. Mais « l’Armée Rouge » n’est pas formatée pour ça !

    « Politique

    Je me souviens que lorsque j’étais en responsabilité et que j’avais un livre d’or à signer, je prêtais une attention considérable à ne pas inverser des lettres.

    Quand vous êtes « différent », vous apprenez à être stratège, ne serait-ce que parce que les enfants se moquent de vous et que vous devez anticiper d’où vont venir les coups. Puisqu’il faut tout le temps se protéger, il faut rester hyper attentif à l’environnement. Je me souviens dans les AG (assemblées générales NDLR) étudiantes, je savais où était tout le monde, je mesurais en une fraction de seconde les regards, les prises de position et je trouvais toujours un moyen de dégager une motion. En politique, j’avais la réputation du tacticien : celui qui voit comment, dans une Assemblée Générale, renverser les tendances, trouver un chemin… L’acuité visuelle, l’hyper-sensibilité au monde qui vous entoure sont finalement le produit de toutes les stratégies de contournement de l’enfant dys que j’étais.

    Propos recueillis par Céline Raoux

     

     

    Zèbres

    {{ config.newsletters.subscribe.title }}


      Nous contacter


      Qui sommes-nous ?


      Confidentialité


      Mentions légales


      © 2024 - Zèbres

      {{ config.cookies.manage }}

      {{ config.newsletters.subscribe.title }}


        config.subscribe.button
        {{ config.read.button }}
        {{ config.subscribe.button }}