{{ config.search.label }}
{{ config.login }}
{{ config.home }} > Politique > Ségolène Amiot, député insoumise : “la dyslexie ne s’impose pas dans les débats. C’est dommage.”

Ségolène Amiot, député insoumise : “la dyslexie ne s’impose pas dans les débats. C’est dommage.”

Ségolène Amiot est dyslexique, ce qui ne l’empêche pas d’exercer aujourd’hui son rôle de député sous la bannière de La France Insoumise.
À l’Assemblée nationale, où s’écrivent les lois, la député insoumise Ségolène Amiot ne laisse plus sa dyslexie entraver ses ambitions.

{{ config.newsletters.subscribe.title }}


    {{ config.mag.related }}


    Harcèlement : comment préserver les enfants neuro-atypiques

    Comme chaque premier jeudi suivant les vacances de la Toussaint, ce 9 novembre est consacré journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Diversement déclinée dans les établissement scolaires, elle est l'occasion de sensibiliser à un phénomène persistant, dont il faut particulièrement protéger enfants neurodivergents, explique Myriam Bost, psychologue et co-autrice de "100 idées pour accompagner les jeunes neuro atypiques face au harcèlement".
    09/11/2023

    « La dyslexie est, intrinsèquement, un sujet politique »

    Ancien député, ancien secrétaire général du Parti Socialiste, écrivain et essayiste, Jean-Christophe Cambadélis évoque son parcours atypique : ses difficultés scolaires liées à la dyslexie et les stratégies de contournement qui lui ont permis de se frayer un chemin en politique.
    01/11/2023

    « J’aurais pu finir mes études, obtenir mon diplôme et devenir ostéopathe », confie Ségolène Amiot. Mais la député France Insoumise n’a pas été au bout de son cursus et n’a jamais obtenu le sésame pour entrer dans la profession. Sa dyslexie l’en a empêchée. Un redoublement aux conséquences trop onéreuses l’a poussée à se rabattre sur un autre métier : téléopératrice dans un centre d’appel. Dans ce milieu professionnel, l’oral est roi et les  difficultés avec la lecture ne pèsent pas. 

    « Mais la dyslexie m’a poussé à me syndiquer, à réfléchir à mon travail autrement, à défendre la santé et la sécurité de mes collègues, et donc, petit à petit, à prendre des positions politiques », assure l’insoumise de la 3ème circonscription de Loire-Atlantique, diagnostiquée à l’âge de 12 ans.

    « Quoi que tu veuilles dans la vie, tu y arriveras »

    « J’ai gardé très longtemps ce sentiment d’être une cancre, une idiote, de ne pas avoir le niveau iintellectuel des gens qui m’entouraient », se souvient l’élue. Quelques années plus tard, un psy décèlera aussi chez elle un Haut Potentiel Intellectuel (HPI), confie-t-elle. 

    Tu veux être astronaute, tu peux être astronaute.

    « Selon lui, j’aurais développé la dyslexie en compensation des capacités intellectuelles, comme une sorte de couvercle sur la cocotte minute. Ce serait courant chez les filles pour nous ralentir, pour nous remettre au même niveau que les autres. Je ne sais pas si cette théorie a la moindre justification scientifique et je n’ai pas cherché à creuser. Ce jour- là, en tous cas, ce que m’a dit ce médecin m’a permis de me construire et de me dire : ‘Quoi que tu veuilles faire dans la vie, tu y arriveras. Tu veux être astronaute, tu peux être astronaute’. Ce n’était pas si simple en vrai, mais j’ai quand même eu le bac, au ras des pâquerettes. »

    Député et dyslexique

    Ségolène Amiot n’ira probablement jamais dans l’espace, mais elle ferraille à l’Assemblée nationale depuis son élection en 2022. « Je lis beaucoup de textes de lois et de rapports, mais je suis encore incapable de lire rapidement et j’ai conscience que régulièrement je lis de travers », explique la député. 

    Pour pallier ces difficultés, elle recourt à des « techniques d’évitement » élaborées à l’adolescence avec le soutien de son orthophoniste : « J’utilise les outils de lecture à voix haute. Je mets mon casque ou un écouteur discrètement et je lance la lecture, d’un mail par exemple, tout en le suivant des yeux. C’est un des outils que j’utilise au quotidien et qui me permet de ne pas être trop en retard sur les autres. »

    Les privilèges accordés aux représentants du corps électoral sont aussi un précieux soutien. « À l’Assemblée nationale, beaucoup de fonctionnaires sont là pour nous aider. Par exemple, j’ai été commissaire sur une commission d’enquête après le décès d’Ivan Colonna en prison (un militant nationaliste Corse, ndlr). J’avais donc mon mot à dire sur le rapport rédigé par les rapporteurs avant sa publication, sauf que pour cela, le délai est très court. Normalement, on a trois jours maximum pour consulter le rapport sur place, au format papier. Il faut donc trouver un créneau dans nos agendas et lire vite. J’ai donc dû signaler ma dyslexie aux administrateurs de l’Assemblée pour leur demander de me le transmettre en format PDF, afin de pouvoir activer la lecture à voix haute. Ils se sont pliés en quatre pour me l’obtenir. »

    « Lire un discours, c’est toujours compliqué »

    Pour défendre les propositions de lois issues de son camp, Ségolène Amiot est régulièrement « cheffe de file ». « Ça signifie que je connais le texte sur le bout des ongles, au point d’être capable à la volée de savoir si l’amendement d’un autre parti va plutôt dans notre sens ou non, ce qui permet de guider le reste du groupe parlementaire dans son vote », explique l’insoumise.

    « Parfois, les amendements ne sont pas défendus oralement. Dans ces cas- là, on va très, très vite, le rapporteur et le ministre disent s’ils sont contre ou pour, sans expliciter ce dont on parle. Et alors là,  je suis perdue. Je n’ai pas le temps de voir de quoi on parle. C’est très compliqué. Du coup, je suis toujours, toujours, toujours en binôme dans ces moments- là », témoigne l’élue.

    La prise de parole en public est un autre passage incontournable et difficile pour la député dyslexique. « Lire un discours, c’est toujours compliqué », explique celle qui trouve ses interventions « peu glorieuses » sur la forme. Pour y remédier, elle s’échine désormais à ne garder que des mots simples à lire pour elle et à soigner la mise en page de ses textes, en prenant soin d’espacer les lettres, les mots et les lignes qu’elle souhaite prononcer.

    La dyslexie : un sujet politique 

    Les estimations du nombre de dyslexiques en France varient de 1 à 10% selon le degré de sévérité de retenu. Elle toucherait 5% des enfants, surtout les garçons. Sa prégnance et l’ampleur des difficultés qu’elle peut générer dans tous les champs de la vie en font « intrinsèquement un sujet politique », comme le souligne Jean-Christophe Cambadélis, ancien secrétaire du Parti Socialiste. Pourtant, il « n’est pas souvent posé », regrette Ségolène Amiot.

    « La dyslexie ne s’impose pas dans les débats car elle est souvent noyée avec l’ensemble des troubles dys, des autres troubles, des TSA et parfois même des handicaps moteurs qui vont être inclus dans le même package, analyse-t-elle. Et c’est dommage. »

    Complication supplémentaire, « il y beaucoup de formes de dyslexie », rappelle l’élue. « On fait une politique de masse, on essaie de faire rentrer tout le monde dans les clous, alors qu’il faudrait faire de la dentelle et prendre le temps pour chacun et chacune. »

    Les leviers de l’école inclusive

    Plusieurs leviers pourraient être activés, estime la député, à conditions de « repenser notre système en profondeur » pour aller vers de plus en plus d’accompagnement « personnalisé ». Cela demanderait de libérer plus de temps aux enseignants pour se concentrer sur les cas spécifiques, échanger avec les orthophonistes, les orthoptistes, mais aussi les parents. « On pourrait aussi aider tous les éditeurs qui font l’effort de rendre leurs livres plus accessibles. « 

    On devrait s’appuyer sur les neurosciences, qui ont beaucoup évolué ces dernières années.

    « En Suède ou au Danemark, on est sur des classes de 15 élèves avec des moments en totale autonomie pour les élèves : on n’est pas forcément sur du cours magistral en permanence. Il existe donc d’autres systèmes qui permettent de libérer du temps aux profs et on peut s’appuyer dessus. On devrait s’appuyer aussi sur les neurosciences qui ont beaucoup évolué ces dernières années, estime Ségolène Amiot, étonnée de « voir des cours durer plus d’une heure alors que le temps d’attention linéaire de nos cerveaux avoisine les 45 minutes. »

    Aux yeux de Ségolène Amiot, ce chemin, pavé de toute l’ »humilité nécessaire pour tout remettre en question » est bien loin du cap fixé par l’exécutif : « revenir aux apprentissages fondamentaux ! Cela n’a rien de novateur et j’ai bien peur qu’on ne soit pas dans une dynamique réellement inclusive. Le problème des fondamentaux, c’est que cela induit d’apprendre pour tout le monde de la même manière. Cela nous éloigne d’une approche différenciée pour certains élèves. Et je crains que  ça en devienne stigmatisant pour les élèves dys : parce que c’est justement sur les matières dites fondamentales que se révèlent les plus grandes difficultés. »

    Richard Monteil

    Zèbres

    {{ config.newsletters.subscribe.title }}


      Nous contacter


      Qui sommes-nous ?


      Confidentialité


      Mentions légales


      © 2024 - Zèbres

      {{ config.cookies.manage }}

      {{ config.newsletters.subscribe.title }}


        config.subscribe.button
        {{ config.read.button }}
        {{ config.subscribe.button }}