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Le concours qui réconcilie éloquence et bégaiement

L’association Éloquence de la différence organise un concours pour permettre aux personnes neuro-atypiques, notamment celles qui bégaient, de mieux s’accepter.
Ils bégayent ? Peu importe. En amont de la finale du concours organisé par l’association Éloquence de la différence samedi 25 novembre à Paris, les candidats ont redoublé d’effort pour (re)prendre confiance en eux. 

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    Bégaiement, bredouillement : 50 fiches conseils pour « aider son enfant à communiquer »

    "Aider son enfant à parler et communiquer", c'est tout l'enjeu du guide pratique rédigé par Véronique Aumont Boucand et Élisabeth Vincent, deux orthophonistes spécialistes du bégaiement et du bredouillement qui rééditent 50 fiches à mettre entre les mains de tous les parents concernés.
    07/12/2023

    Au détour d’un des longs couloirs blancs qui segmentent l’université Paris Dauphine, une petite troupe fait vibrer l’air en salle D308. Rien d’anormal. En ce samedi matin d’automne, l’établissement est bien ouvert aux étudiants. Mais ce jour-là, salle D308, on ne parle pas management, finance, économie, droit, mathématiques, informatique ou sciences sociales. Ce jour-là, salle D308, on parle. On parle de tout. On parle tout court. Et on progresse. Tous les participants sont là pour suivre le programme proposé par l’association dont ils font vivre le nom : Éloquence de la différence

    Une trentaine de participants sont réunis. Des hommes surtout. Des étudiants, des jeunes actifs, des papas et aussi des mamans. Le plus jeune a 16 ans. Tous bégaient plus ou moins. Leurs buts : (re)prendre confiance en eux, accepter leur différence, repousser leurs limites. Le moyen : participer à un concours d’éloquence. La finale approche. Pour eux, elle aura lieu ce samedi 25 novembre, dans le grand amphithéâtre de la fac parisienne. 

    « Tout le monde peut-être éloquent », garantit Sébastien Marlard, vice-président de l’association. À condition d’être bien accompagné. « Dans la communication, plein de paramètres sont à prendre en compte. Les pauses, la vitesse d’élocution, le regard, les mimiques, la posture… finalement, la fluidité compte pour très très peu », assure Sarah Hervé, créatrice de contenus mais surtout orthophoniste spécialiste du bégaiement et partenaire de l’association.

    Des paroles…

    La journée s’annonce chargée. Le groupe se scinde en deux. La première moitié écoute le témoignage inspirant d’Emery Elmote, un jeune entrepreneur bègue. Il raconte les difficultés rencontrées sur son parcours, les moqueries, les incompréhensions, ses doutes, ses colères, ses rêves. « Peu importe qu’on bégaie, l’important c’est de transmettre une énergie ». Sa démonstration l’illustre.

    Dans la salle voisine, l’autre partie du groupe s’exerce à la prise de parole en public. Sarah Hervé et sa consoeur Oudia Farges co-animent l’atelier. Les deux orthophonistes préviennent d’emblée : « Être éloquent, ce n’est pas jouer un rôle. » Elles citent Oscar Wilde pour enfoncer le clou : « Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris. »

    Ibrahima sera donc lui-même ce jour-là en salle D309. « Moi j’ai toujours peur de parler en public mais je le fais quand même », fanfaronne-t-il. Le petit groupe réuni en arc de cercle échange sur les différents symptômes de leur stress avant toute prise de parole. Transpiration, tremblements, nausées, envie pressante, bouffée de chaleur, palpitations… Rien que d’en parler, « ça va déjà mieux ».

    …et des actes

    Sous la houlette des deux orthophonistes, quelques exercices de décontraction finissent de détendre les participants. Place à l’éloquence. Des petites phrases, d’abord. Les candidats défilent et piochent un mot à placer dans une phrase de leur invention. « Employabilité », « spectaculaire », « bibliothèque »… Ces mots-là ont tout pour faire bégayer. C’est le but. Les orthophonistes demandent aux orateurs de buter volontairement sur ces mots pour travailler l’art de la pirouette, assumer leur difficulté et susciter l’empathie de ceux qui écoutent.

    « Salut maman, aujourd’hui j’ai acheté un pantalon à quat.. quat… brrrrrr blblblblbl. Je recommence : à 80 euros. », essaye Sabine*. Le public rit, le message passe. La jeune femme a su adopter un “comportement tranquilisateur”, une technique utile au quotidien pour quiconque se retrouve à bafouiller.

    Pour se préparer au concours, les participants multiplient les exercices.
    Pour se préparer au concours, les participants multiplient les exercices.

    Autre exercice, la lecture d’une « VDM », pour « Vies de merde » : de brèves anecdotes comiques dont toute la saveur réside dans la chute. Ton, attitude, regard, rythme… Les participants doivent trouver le bon équilibre. Les réactions du public traduisent si l’exercice est réussi ou non. Certains s’y reprennent à plusieurs fois, mais au final, le bégaiement des uns et des autres ne les empêche en rien. Bégaiement et éloquence se conjuguent bel et bien.

    Un tremplin

    « Le plus important ici, c’est de s’épanouir. Ce n’est pas d’être meilleur que les autres, c’est d’être meilleur que soi », rappelle Mounah Bizri, cofondateur de l’association. Il est venu parler insertion professionnelle. Une gageure. « Ce programme doit être un tremplin pour vous, pour que vous ne vous interdisiez plus rien à cause de votre bégaiement. »

    Mounah Bizri, cofondateur de l'association Éloquence de la différence.
    Mounah Bizri, cofondateur de l’association Éloquence de la différence lors d’une masterclass.

    Manon* a participé à l’aventure l’an dernier. Entre temps, elle a fini ses études d’ingénieur. Son bégaiement, elle le masque au travail. “J’applique plusieurs techniques : je fais des pauses, je parle lentement, je prends mon temps”, explique la jeune femme. 

    Si elle accepte désormais son trouble, elle préfère toujours le dissimuler au travail. « Quand j’étais plus jeune, on s’est beaucoup moqué de moi. C’est pour ça que je préfère ne pas en parler à mes collègues », explique-t-elle. Conséquence pour elle : « je ne suis pas tout le temps la vraie-moi, pas à 100% en tout cas. »

    « On reste toujours bègue »

    Mohamed se souvient d’avoir toujours bégayé. Peut-être la mort de son père, quand il était enfant, a-t-elle amplifié son trouble. C’est en tout cas l’hypothèse de sa mère.  « J’étais un peu bizarre », s’amuse aujourd’hui ce grand bavard « né avec un cerveau différent ». Aujourd’hui, lui aussi masque son bégaiement. Orthophonie, psychothérapie et « médecines alternatives » l’ont aidé, assure-t-il. Mais derrière la façade, « on reste toujours bègue », explique-t-il. « J’ai un attrait pour la parole, un goût pour ça. Les grands orateurs me fascinent, j’aime faire rire. Je sais que j’ai un potentiel, mais aussi beaucoup de freins, dont je veux me libérer. »

    « L’année dernière, on a accompagné un peu plus de 200 personnes, de tous les âges et de toutes les catégories socio-professionnelles », retrace Sébastien Marlard. Aussi présente à Lille, Nantes, Lyon et Bordeaux, l’association compte s’étendre à d’autres villes en 2024. Les finales sont ouvertes au public. Près de 5 000 personnes s’y sont déjà pressées. “On a un rôle de sensibilisation”, explique le vice-président. L’inépuisable besoin de passer le mot.

    Richard Monteil

    *Les prénoms suivis d’une astérisque ont été changés

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