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Petit poulpe deviendra grand

© Patricia Lecomte
Dans les Hauts de Seine,  les crèches Poulpi accueillent les 15 mois- 6 ans, avec et sans neuroatypie. Professionnels de la petite enfance et thérapeutes y travaillent ensemble, pour aider chaque enfant à se développer et le mener le plus sereinement vers l’école. Reportage.

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    Quand s’interroger sur un développement inhabituel de son enfant ?

    Les parents sont les premiers et meilleurs observateurs du développement de leur enfant et des signes qui peuvent alerter sur un trouble éventuel. S’ils vous inquiètent, parlez-en !
    31/01/2024

    « J’ai un nom, un prénom, deux yeux, un nez, un menton. Dis-moi vite ton prénom pour continuer la chanson…» Il est 9 h 15. Malo, Arye, Raphaël, Adam, François, Quentin, Rokya, Louise…sont arrivés les uns après les autres, en poussette ou dans les bras de papa-maman. Chaussures rangées dans les casiers ornés de leurs photos, 25 petits lutins en chaussettes se retrouvent à présent assis sur le lino, un gros coussin ou dans les bras d’une auxiliaire de puériculture et lèvent des yeux attentifs au signal du début de journée.

    Elle commence toujours comme ça, dans la grande salle d’éveil baignée de lumière des 650 m2 de crèche, aménagés au premier étage d’un immeuble de bureaux de Clichy-la-Garenne : par une chanson. La mélodie importe moins que le rituel : nommer chaque présent, adulte et enfant, pour que tous apprennent à se (re)connaitre.

    Accompagner l’enfant dès les premiers signes de TND

    Toute crèche a ses petits rituels. Mais ici les routines et répétitions qui ponctuent le fil des journées et des semaines sont essentielles. Elles tissent le cadre rassurant à partir duquel aider chaque enfant à s’épanouir et gagner en autonomie, quelle que soit sa neurospécificité.

    L’évolution développementale peut être spectaculaire chez des enfants diagnostiqués avant 3 ans, lorsqu’ils sont accompagnés précocément.

    L’accueil n’est pas réservé aux neuroatypiques  : « nous tenons à la mixité, pour favoriser la sensibilisation, le partage et la socialisation de tous » souligne Aliénor de la Taille, psychologue clinicienne et cofondatrice, avec Violaine Saint-Romas, des crèches Poulpi. Dans les faits, 75 % des jeunes enfants accueillis à partir de 15 mois— et jusqu’à six ans si besoin—, manifestent des signes d’alerte, sensorimoteurs ou cognitifs, de possibles troubles du développement (retard, autisme, troubles dys).

    C’est pour répondre à leur besoin que ce réseau unique de crèches a été créé. « En dix ans de travail auprès des familles, j’ai vu que le dépistage pouvait être de plus en plus tôt, explique la psychologue. On sait aussi que l’évolution développementale peut être spectaculaire chez des enfants diagnostiqués avant 3 ans, lorsqu’ils sont accompagnés précocément. Mais les parents sont trop souvent laissés en rade, avec une prise en charge insuffisante ou pas coordonnée, obligées de renoncer à toute vie professionnelle ou sociale pour faire le taxi. »

    D’où l’idée d’une structure « qui rassemble professionnels de la petite enfance et du soin (pyschomotricien, kiné, ergo et art thérapeute, orthophoniste, psychologue), tous formés aux troubles du neurodéveloppement, et puisse accompagner les enfants, dès les prémisses d’une suspicion, vers une inclusion la plus sereine possible en milieu ordinaire.»

    Et soutenir les familles sur le chemin- parfois long- d’un diagnostic : en les aidant à comprendre leur enfant, mais aussi à constituer sans attendre les dossiers d’aides.

    Trois crèches et le projet d’essaimer en France

    Le nom de Poulpi, lui, s’est progressivement imposé, en clin d’oeil au céphalopode à huit bras «doté d’une extrême sensibilité et d’incroyables capacités d’adaptation mimétiques à son environnement. Exactement comme les enfants neuroatypiques » sourit Aliénor.

    On y vient de tout le département des Hauts de Seine, aiguillé par un médecin, un soignant ou une crèche ordinaire.

    Trois crèches ont ainsi successivement ouvert depuis 2020 à la Garenne-Colombe, à Clichy puis Boulogne. 70 « berceaux » au total, hébergés dans des locaux au décor épuré, avec aménagements sensoriels et deux fois plus d’espace qu’une crèche ordinaire, pour loger à la fois salles d’activités, d’ateliers thérapeutiques et de rendez-vous individuels.

    Les cofondatrices s’enorgueillissent d’avoir déjà pu mener 70 % des enfants accueillis vers une scolarisation en milieu ordinaire et rêvent d’essaimer le modèle à travers la France. Signe qu’il répond à un besoin évident, on y vient de tout le département des Hauts de Seine, aiguillé par un médecin, un soignant ou une crèche ordinaire. Ou par le bouche à oreille et en voisin « depuis le pont d’Asnières, juste en face », comme Shanol : ravie d’avoir trouvé une place à Clichy après avoir passé des mois à visiter-en vain- toutes les structures susceptibles d’accueillir son petit bonhomme de 21 mois.

    « Arye est né grand prématuré à 25 semaines, explique-t-elle. Il souffre officiellement d’un petit retard moteur nécessitant un suivi soutenu. Il était pris en charge en hôpital de jour à Colombes.  Et depuis plus d’un an, je galérais toute seule, à le conduire de séances en séances et ne plus pouvoir travailler. »

    Favoriser le développement par le jeu et l’imitation

    Pendant que les parents retournent à leurs activités, chaque matin, le rituel d’accueil terminé, les enfants sont répartis par 3 ou 6, en petits ateliers successifs, d’une demi heure. De tous âge, avec ou sans neuroatypie : s’ils partagent une activité, c’est que l’équipe a identifié un besoin commun.

    Travailler les interactions sociales par exemple, pour Arye et cinq petits camarades, que l’on retrouve dans une pièce adjacente à la salle d’éveil. Installés au sol autour de Delphine, assise à leur hauteur, chacun a pioché une petite assiette, un verre et une cuillère dans la caisse à dinette : « pas plus pour commencer et même modèle pour tous. Certains peuvent être vite envahis par les formes et couleurs » explique l’auxiliaire de puériculture, qui lance ce matin un nouvel atelier : « tous à table !»

    Au fil des séances, poursuit-elle, «  j’introduirai d’autres objets, une table, de l’eau, puis de la vraie vaisselle : pour certains enfants qui ont un trouble de l’oralité, c’est important. L’idée finale : leur faire mettre la table ensemble. » Se coiffer la tête avec le verre, jouer des percussions sur l’assiette, « faire manger » un petit camarade  : en attendant, chacun joue comme il l’entend.

    En apparence, car Delphine n’en perd pas une miette. Elle observe, imite l’un puis l’autre, sollicite doucement Adam qui semble subitement figé avec sa cuillère, reprend gentiment Malo : « regarde, Arye ne veut plus que tu lui donnes à manger, laisse-le tranquille. »

    Le jeu, l’imitation-à la base de tout apprentissage- et l’intégration sensorielle sont les trois piliers du programme pédagogique (baptisé DAISEE) des crèches Poulpi, qui fait l’objet d’une évaluation clinique depuis deux ans.

    Ce que ses ateliers font à l’intérieur ne saute pas aux yeux de l’extérieur, « l’idée étant aussi que les enfants ne se rendent pas compte de ce que l’on fait », convient Elsa. La psychomotricienne anime deux salles plus loin un atelier thérapeutique-baptisé « boum-boum » avec Kim, la kinésithérapeute, et six autres enfants. Après une nouvelle petite chanson rituelle, où Louise, Makary, Rokia, Clara… sont invités à se nommer les uns les autres, les deux thérapeutes déroulent comme autant de micro-séquences une playlist de musiques de rythmes différent.

    On bouge, tape des pieds comme Kim, danse, ensemble ou non, applaudit la pirouette improvisée de Rokia. Le but de cet atelier, proposé chaque semaine au même groupe d’enfants, chez qui l’on a repéré un intérêt pour pour le son et les rythmes est évidemment de développer la motricité, « prendre plaisir au mouvement, s’approprier son corps. » Mais pas que : «il permet aussi de s’habituer à de nouvelles stimulations sensorielles. S’asseoir ensemble pour le rituel du début peut déjà être un défi pour certains » énumère Elsa.

    Capitaliser sur  les petites victoires

    Il y a un an, Makary n’aurait pas supporté de partager un tapis de sol ou d’entendre de nouveaux sons. Encore moins l’irruption de têtes inconnues, comme les nôtres, ce mercredi matin. Aujourd’hui, son regard est d’abord inquiet, mais il parvient à gérer son émotion sans se réfugier dans des gestes stéréotypées. Et parfois il danse. « Pour lui c’est déjà beaucoup. Notre horizon, résume Elsa, ce sont ces petites victoires, à la hauteur de là où ils en sont. »

    Chaque enfant est unique. Comme ses victoires. Pour évaluer ces progressions, adapter le planning d’activités-en groupe et en séance individuelle-à l’évolution des besoins, l’équipe de la crèche se réunit au grand complet tous les mois. On y discute ensemble de chacun, s’échange conseils et pistes pour mieux approcher tel ou tel, élabore les programmes personnalisés du mois suivant.

    Pour assurer la continuité entre crèche et maison, les familles sont informées tous les jours, en mots et/ ou photos, via une application partagée, des activités, repas etc de leur enfant. Elles sont aussi régulièrement conviées à un café des parents, pour échanger autour d’une thématique donnée.

    Et surtout, elles soufflent : « depuis qu’Arye est entré ici en février, avec tous les soins et prises en charge sur place, son évolution est incroyable, se réjouit Shanol. Il a repris du poids, s’éveille à l’envie de découvrir plein de choses, a développé de nouvelles compétences. Il est en bonne voie ! »

    Ces victoires n’ont pas de prix. Et même pas de coût supplémentaire. Pour qu’elles soient accessible à tous, bien que les crèches Poulpi soient une structure privée, grâce au soutien du conseil départemental, de la Caisse d’allocation familiale (CAF) et de la région, les parents paient en fonction de leurs revenus. Comme dans une crèche publique.

    Claudine Proust

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