Repérer les signes d’un développement inhabituel chez le petit enfant est un enjeu majeur de la prise en charge des troubles du neuro-développement. Plus il est identifié tôt, plus la prise en charge de cet écart de développement, s’il est confirmé par un diagnostic, pourra être précoce et favoriser son bien-être futur.
Pourquoi agir le plus tôt possible ? Parce que le cerveau est un organe d’une incroyable plasticité chez le jeune enfant : correctement stimulé, par un accompagnement professionnel-et familial- adapté, il peut créer de nouvelles connexions et s’adapter pour compenser le trouble diagnostiqué.
Faites vous confiance
Vous n’êtes pas médecin, encore moins spécialiste des troubles du neuro-développement. Mais en tant que parents, vous êtes les meilleurs spécialistes de votre enfant.
Même si vous êtes perdus parce que c’est le premier et que tout, de ses pleurs de bébé que vous ne comprenez pas toujours à son sommeil fractionné-et le vôtre- en passant par son alimentation et les virus infantiles peut-être source d’inquiétude, faites-vous confiance.
C’est vous qui vivez avec lui, vous qui observez chaque jour son évolution et ses réactions à son environnement : vous qui êtes le mieux placé pour « sentir » si quelque chose vous interpelle dans son comportement, ses habiletés motrices ou sociales.
A quels signes être attentif ?
Il ne s’agit pas de rajouter une angoisse démesurée à vos inquiétudes quotidiennes. Tous les enfants ne se développent pas au même rythme, entre 0 et 3 ans, c’est un fait.
Ce n’est pas parce que le vôtre ne fait pas de quatre pattes à 9 mois quand celui de votre cousine crapahute sur la moquette au même âge qu’il faut s’affoler.
Mais vous pouvez en revanche repérer des signes qui justifient d’en parler et poser des questions au médecin qui suit l’enfant.
A six mois, tient-il sa tête droite ? Rit-il aux éclats ? Tend-il les bras pour qu’on le prenne ? A 12 mois, tient-il assis et se déplace-t-il tout seul ? Sait il prendre un objet entre le pouce et l’index ? Tourne-t-il la tête quand on l’appelle et babille-t-il ? A 18 mois, sait il se lever et marcher au moins quelques pas, montrer du doigt ? Et à 24 mois, mange-t-il seul, joue-t-il avec les autres ?
Cette liste n’est pas exhaustive et pour vous guider dans ce repérage, vous pouvez vous aider de la grille de questions recensées dans le livret publié par la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour les troubles du neuro-développement, à destination des parents et professionnels de la petite enfance. Il est téléchargeable gratuitement sur le site de l’Assurance Maladie : https://www.ameli.fr/content/livret-reperage-petite-enfance.
En complément utile, le site agir-tot.fr, initié par l’association Nationale des Equipes Contribuant à l’Action Médico-Sociale Précoce (ANECAMSP), dédiée à l’action précoce auprès des 0-6 ans à risque ou présentant des troubles et leur famille, propose une série de mini-capsules vidéos avec les conseils d’experts (neuropédiatres) pour répondre aux questions que peuvent soulever certains signes (à 6 mois mon bébé ne tient pas sa tête ; A 3 ans, mon enfant ne joue pas avec les autres…etc)
A qui en parler ?
Si certains signes vous alertent, pas de panique. N’interprétez pas : ce n’est pas à vous de le faire. Ni à votre entourage : pas même aux grands-parents-qui-en-ont-vu-d’autres, aussi bienveillants soient-ils.
Si vous êtes inquiets pour votre enfant, parce qu’il ne semble pas cocher toutes les cases d’un développement typique, c’est au médecin qui le suit qu’il faut en parler. Il ne peut pas poser de diagnostic mais doit prendre vos inquiétudes en considération.
Pour ce faire, il dispose lui aussi de grilles de repérages de signes d’alerte, plus détaillées, regroupés en 4 ou 5 domaines de développement (motricité globale/fine; langage, socialisation), selon l’âge de l’enfant (0-3 ans ou 4-6 ans).
Un diagnostic de spécialistes
La série d’items passés en revue avec vous en consultation, il y a de fortes chances que votre médecin vous rassure. S’il relève deux signes d’alerte au moins dans deux des 4 domaines de développement (entre 0 et 3 ans) en revanche, il doit obligatoirement vous adresser l’une des 97 plateformes de coordination et d’orientation (PCO) qui émaillent le territoire.
Ces PCO fédèrent un réseau de professionnels et de centres spécialisés et doivent organiser les rendez-vous-le plus rapide possible- avec des spécialistes (en Centres d’Action Médico-Sociale Précoce ou en ville) proches de votre domicile : eux seuls sont à même de confirmer un éventuel diagnostic de TND. Et le cas échéant de vous diriger vers une prise en charge adaptée le plus vite possible, le cas échéant.
A noter : le parcours de soins validé par les PCO est couvert, sans reste à charge, par un forfait d’intervention précoce.
C.P