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A l’âge adulte, le TDAH peut aussi être vécu comme un bénéfice

© Dilok Klaisataporn
Une étude qualitative menée par des chercheurs Norvégiens montre que l’énergie, la créativité, les capacités d’adaptation sont perçus par les personnes ayant un TDAH comme des aspects positifs de leur trouble.

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    Car comme ils le rappellent dans leur article, publié par la revue spécialisée BMJ Open : « lorsqu’on présente un diagnostic principalement axé sur le déficit, cela peut alourdir le fardeau de vivre avec le TDAH. Par exemple, il est bien connu que les personnes atteintes de TDAH sont sujettes à la stigmatisation, aux préjugés et aux critiques du public en raison de leur diagnostic, ce qui peut avoir un impact négatif sur l’estime de soi, l’efficacité personnelle et le bien-être. De plus, une approche axée sur une vision déficitaire du TDAH peut négliger les points forts des personnes ayant reçu le diagnostic. »

    Les points forts du TDAH

    Pour identifier et explorer ces points forts, les scientifiques ont mené une étude qualitative auprès de 50 adultes. Ces derniers ont été recrutés par l’intermédiaire de l’association norvégienne des patients atteints de TDAH, via la page Facebook et les listes de diffusion de l’association. Les participants devaient répondre par écrit via internet à la question : « Que considérez-vous comme aspects positifs du TDAH ? » Les réponses ont ensuite été examinées à l’aide d’une analyse thématique, une méthode qualitative bien connue pour identifier des thèmes à partir de textes.

    Les chercheurs ont ainsi constaté que pour les personnes interrogées, même les principales caractéristiques diagnostiques du TDAH peuvent se révéler, dans certaines situations, des points forts. « L’énergie associée à l’hyperactivité pourrait par exemple être considérée comme un avantage dans certains contextes sociaux et sportifs », notent les auteurs de l’étude.

    Un esprit explorateur

    Autres aspects positifs du TDAH, toujours selon les participants : leur esprit explorateur. Bon nombre d’entre eux ont ainsi souligné qu’ils étaient curieux et aimaient apprendre, essayer de nouvelles choses et rechercher de nouvelles expériences. En faisant preuve d’un certain courage. Mais le principal aspect positif lié au TDAH relevé par les chercheurs est la créativité et un esprit non conventionnel.

    « Cela rejoint le constat d’études quantitatives, qui ont montré que le manque d’inhibition lié au TDAH est associé à plus de créativité. On retrouve cette créativité dans le personnage de Gaston Lagaffe, personnage ayant des traits TDAH, et qui invente sans arrêt des choses », souligne Cécile Marnay, psychologue, ayant elle-même un TDAH. Enfin, face aux défis associés au TDAH, les participants à l’étude mettaient en avant leur capacité d’adaptation et leur résilience.

    Ne pas réduire les patients à des personnes ayant un déficit.

    « Cette étude est intéressante. Cependant, il faut souligner que les adultes qui ont répondu sont bien insérés et que ces capacités particulières ne peuvent pas être généralisées à l’ensemble des patients ayant un TDAH », tempère le professeur Manuel Bouvard, à la tête du pôle de référence TDAH de l’hôpital Charles-Perrens à Bordeaux.

    Cette réserve faite, le psychiatre reconnait la nécessité de ne pas réduire les patients à des personnes ayant un déficit. « Aujourd’hui certaines de nos interventions visent à leur faire prendre conscience des troubles et à mettre en avant leurs compétences, un peu comme dans cette étude. En tant que médecins, nous ne souhaitons pas changer leur personnalité, mais faire en sorte qu’il puisse s’adapter à leur environnement », souligne le professeur Bouvard.

    « Le TDAH fait partie de nous »

    Une approche d’autant plus importante qu’il est impossible de séparer la personne de son trouble. « Le TDAH fait partie de nous. Il structure la façon dont on voit le monde, dont ressent les choses, il influe la musique qu’on écoute…», explique Cécile Marnay. D’où la nécessité, insiste la psychologue, de mettre en place des stratégies d’accompagnement non seulement beaucoup plus centrées sur la personne, mais aussi sur sa manière de fonctionner.

    Par exemple explique-t-elle, les thérapies cognitivo-comportementales font souvent appel à des stratégies neurotypiques comme avoir un agenda, planifier les tâches. « Avec une forme de linéarité. Or un le trouble de l’attention de l’attention n’est pas du tout linéaire », insiste la psychologue. C’est pourquoi les personnes qui ont des troubles de l’attention trouvent finalement parfois plus de stratégies qui leurs conviennent grâce aux groupes de pairs aidants.

    Anne Prigent

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