« Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Qu’est-ce que ça fait de vivre avec un Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) ? Puis-je avoir ce trouble et m’épanouir ? » Autant de questions auxquelles cherche à répondre Alice Gendron, autrice du « Petit guide illustré du TDAH », paru en octobre chez Albin Michel.
Si la bordelaise se sent « légitime pour en parler » c’est qu’elle est elle-même concernée. « Je ne suis pas professionnelle de santé, mais je suis professionnelle de mon TDAH », résume-t-elle. Son trouble a été diagnostiqué en 2020. Elle avait presque 30 ans. « Ça faisait des années que je tournais autour du pot. En France on a tendance à mettre en avant tout ce qui est Haut Potentiel Intellectuel ou hypersensibilité…J’ai fini par trouver des ressources, principalement anglo-saxonnes, qui m’ont orienté vers le TDAH. Ensuite ça a pris des mois, le temps de trouver les spécialistes, de lancer les démarches… », livre-t-elle.
Son TDAH, Alice Gendron le vit « partout, tout le temps ». Cette omniprésence l’a d’abord amené à en parler sur Instagram. « J’ai un TDAH, et c’est ok ! », clame son premier dessin posté en août 2020. À travers ses différents comptes, qui traduisent ses créations en plusieurs langues (anglais, espagnol, japonais, portugais…), la créatrice de contenus est rapidement suivie par près d’un million de personnes à travers le monde. Cela atteste, selon elle, d’une “vraie demande” qui dépasse les frontières de la langue anglaise et sans doute celle des réseaux sociaux : d’où la parution d’un bon vieux livre.
Un livre pas comme les autres
Le choix de ce format avait vraiment du sens pour elle : « C’est quelque chose qui sort des réseaux sociaux. On peut le toucher, l’offrir. Des livres sur le TDAH, j’en ai lu, mais ça a été plus simple pour moi de le comprendre en consultant du contenu fait par des gens touchés directement. Les médecins ont une approche très clinique, voire pathologisante. Ça ne me plaisait pas. »
Son livre se veut donc à rebours de la littérature existante, souvent trop “difficile à lire à de A à Z” car elle repose sur “des gros paragraphes complexes”.
Comme s’il était pressé de réconforter son lecteur, l’ouvrage rassure en un coup d’oeil, avec ses couleurs pastels et ses petits dessins mignons qui colonisent la couverture. Cette approche visuelle se déploie sur quelque 200 pages, à travers un découpage dynamique. L’ensemble confère au guide une surprenante douceur à même de toucher toutes celles et ceux qui se pensent fâchés avec la lecture.
« Une journée avec un TDAH »
Teintée de mauve, la partie centrale du livre raconte une journée dans la peau d’Alice. 24 heures où son TDAH se manifeste à chaque occasion : du réveil au coucher, en passant par l’hygiène corporelle, la conduite, les textos, le travail, les courses, le sport, le rangement, la paperasse, la vie sentimentale, l’apéro, les repas, les relations intimes…
À chaque étape, le procédé est le même. L’autrice raconte ses expériences quotidiennes et prodigue des conseils. “Quand je m’interrogeais sur un éventuel TDAH, je ne me sentais pas légitime. Je cherchais beaucoup des gens qui témoignaient de leur quotidien. C’est comme ça que l’on comprend qu’on a une expérience commune, et cela permet de déculpabiliser la honte qui vient avec le TDAH. Cette vision sur nos propres comportements est importante car il faut comprendre comment ça nous touche si on veut réussir à s’épanouir”, explique Alice.
À mettre entre toutes les mains
La dernière partie de son guide prodigue enfin des astuces d’organisation pour affronter le quotidien plus sereinement. Travailler plus intelligemment, empiler ses habitudes, rendre la vie plus ludique, faire du tri, user de codes couleurs, demander de l’aide… Autant de bons conseils, pour la plupart applicables à toutes et à tous.
Le petit guide illustrée du TDAH ne s’adresse pas qu’aux personnes diagnostiquées. Leurs proches, quiconque s’interroge et tout individu curieux d’en savoir plus pourront aussi y trouver leur compte.
Richard Monteil