Si l’école inclusive s’affiche toujours comme une priorité de l’éducation nationale, seules deux minutes y ont été consacrées sur les 3/4 d’heures de conférence de presse de rentrée de la ministre mercredi dernier, tandis que nombre de parents exprimaient déjà leurs inquiétudes via les réseaux sociaux sur l’accueil de leur enfant à l’approche de la rentrée. A défaut de révolution, il faudra se contenter pour cette année scolaire 2025-2026 de petits pas.
Accompagnement humain
Les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) seront-ils au rendez-vous ? Leur présence ou leur absence constitue chaque année LE point d’inquiétude majeur pour les parents d’enfants à besoins particuliers, même quand l’octroi d’un accompagnant leur a été notifié par la MDA (maison départementale de l’autonomie : nouvelle appellation des MDPH, NDLR). Leur nombre a augmenté de 67 % depuis 2017, au point que ces accompagnants, qui constituent aujourd’hui encore le pilier essentiel de l’école dite inclusive, représentent aujourd’hui (en nombre) le deuxième métier de l’éducation nationale. Ils étaient 132 000 l’an dernier : 2000 recrutements supplémentaires sont prévus cette rentrée pour renforcer les effectifs, qui se révèlent toujours insuffisants. Alors que l’on estime à 355 260 le nombre d’élèves bénéficiant d’une notification pour un accompagnement humain, destiné à les aider à l’école ordinaire, il est majoritairement « mutualisé » : pour les deux tiers des cas l’accompagnant soit se partager entre plusieurs élèves et classes, voire différents établissements. Même lorsque l’enfant devrait (selon la notification de la MDA) bénéficier d’un AESH individualisé. Insatisfaisant pour tout le monde. En ébauche de solution, « pour renforcer l’inclusion des AESH dans les équipes éducatives » le ministère annonce bien qu’une expérimentation d’affectation des AESH à une seule école ou établissement, où ils seront à disposition des l’équipe enseignante, sera menée cette année dans trois départements : le Var, la Meuse et le Bas-Rhin. Une goutte d’eau dans un océan de besoins.
Pôles d’appui à la scolarité
Pallier aux lourdeurs et lenteurs de prise en charge des enfants à besoins particuliers et éviter leur mise à l’écart de l’école, en proposant aides, outils et solutions, aux familles et aux enseignants, sans attendre une reconnaissance de handicap : c’est l’objectif des pôles d’appui à la scolarité (PAS). Constitués d’un enseignant-en principe spécialisé- de l’éducation nationale et d’un éducateur médicosocial recruté par l’agence régionale de santé, ils peuvent être saisis par les parents, un professeur ou un chef d’établissement et se déplacer dans les classes pour évaluer les besoins de l’enfant. 100 PAS ont été expérimentés l’an dernier dans quatre départements (Aisne, Côte d’Or, Eure et Loir, Var). Leur généralisation, prévue à l’horizon 2027 doit encore être approuvée par l’assemblée nationale. Sans attendre, le dispositif va été étendu dès cette année, avec 400 PAS supplémentaires, répartis dans 78 départements. « Les premières évaluations, réalisées par la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) et la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) sont très encourageants » souligne le ministère : l’an dernier 3 300 élèves ont pu bénéficier de l’accompagnement d’un PAS, dans un délai de 12 jours, essentiellement à l’école primaire d’où émanait la majorité des demandes.
Dispositifs dédiés aux TND
Pour les élèves avec un trouble du neurodéveloppement qui nécessitent une prise en charge spécifique, 19 unités d’enseignement maternelle autisme (UEMA) et 27 unités d’enseignement élémentaire autisme (UEEA), supplémentaires, rattachés à des établissements médico sociaux mais intégrés en école ordinaire doivent ouvrir cette rentrée.
Pour favoriser l’intégration des élèves avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), un trouble déficit de l’attention (TDAH) ou des troubles spécifiques des apprentissages (TSLA) en classe ordinaires tout en leur apprenant à gérer leurs émotions capacité d’attention et/ou comportements, 29 équipes supplémentaires d’autorégulation sont aussi créées : 5 en école élémentaire, 20 en collège et 4 en lycée, dont un, pour la première fois, dans un lycée agricole.
Ces dispositifs d’autorégulation (DAR) reposent sur la coopération entre les enseignants et une équipe médico sociale (avec éducateurs spécialisés, psychologue) : intégrée à l’école, dans un espace dédié, elle y prend en charge les élèves- scolarisés le reste du temps dans leur classe ordinaire- selon leurs besoins. Le but étant de les accompagner vers l’autonomie.
Claudine Proust