C’est une vieille dame généreuse et enveloppante. Une septuagénaire ouverte sur le monde qui ne cesse de tendre ses bras vers les plus vulnérables, précaires ou porteurs de handicap. « La nouvelle Forge est une association qui se donne pour mission d’ouvrir ou rouvrir les possibles des enfants, adolescents et adultes qu’elle accompagne en développant leurs potentiels dans une perspective inclusive et dans le respect de leur autonomie » peut-on lire en préambule sur son site. Une présentation qui résume une structure complexe née au lendemain de la 2e guerre mondiale. Tout a commencé avec l’ouverture d’un institut médico-pédagogique à Senlis, alors destiné « aux enfants dont les troubles du comportement ou des apprentissages mettaient hors du circuit scolaire normal » détaille Bernard Durand, qui a exercé durant de nombreuses années au sein de la Nouvelles Forge avant d’en prendre la présidence en 1995.
Depuis, l’association a beaucoup grandi en se diversifiant et en élargissant son rayon d’action du sud de l’Oise jusqu’à la Somme. Aujourd’hui, elle représente un réseau de structures et de professionnels disséminés sur un ensemble de 19 communes de l’Oise et de la Somme et accompagne chaque année 3000 personnes en difficultés. « Nous leur apportons des soins en matière de santé, d’éducation, mais aussi de développement de la personnalité afin de favoriser le développement de l’autonomie et de l’inclusion dans le tissu social, scolaire et professionnel » décrypte le président, qui insiste sur le fait que La nouvelle forge travaille aussi toujours en étroite collaboration avec ses partenaires : agence régionale de santé (ARS), protection maternelle et infantile (PMI), services de pédiatrie, éducation nationale, et maison départementale des personnes handicapées… pour ne citer qu’eux.
Intervenir précocément auprès des enfants autistes
Les réponses apportées aux besoins sont aussi diverses et variées que les tentacules de cette association en perpétuelle évolution. Dernièrement, par exemple, la nouvelle forge s’est attachée à apporter « un soin particulier à l’intervention précoce, notamment auprès d’enfants présentant un risque de développement autistique sévère, souligne Bernard Durand. Cela a impliqué d’adapter les modalités d’accompagnement pour accroître leurs chances d’inclusion. » Sur le terrain, cela s’est traduit par l’ouverture de deux unités d’enseignement maternelle autisme (UEMA), en 2017 et 2021 et d’une unité d’enseignement élémentaire autisme (UEEA), en 2023, à Beauvais et Pont-Sainte-Maxence. Mais également par le renforcement des équipes mobiles, lancées durant la période du covid, et la mise en place du Pôle d’évaluation et de soutien renforcé (PESR) en juin 2023. Objectif : « tout mettre en œuvre pour que la scolarité se maintienne, quand le risque de rupture est imminent ». Pour ce faire, l’équipe pluridisciplinaire PESR observe l’enfant-avec l’accord de ses parents- durant six semaines dans son environnement scolaire. Elle détermine ses particularités et ses besoins, avant d’en faire une restitution auprès des acteurs impliqués au quotidien dans l’accompagnement de l’enfant. Des actions concrètes, adaptées à chacun sont alors proposées et l’équipe n’hésite pas à revenir pour accompagner leur mise en œuvre sur le terrain. Et d’en profiter « pour travailler la socialisation et le plaisir d’être en classe », souffle Justine Malletroit, coordinatrice du PESR. Une façon de continuer à œuvrer pour une société plus inclusive, credo de la Nouvelle forge depuis plus de 70 ans.
Véronique Bury