Rémi a 7 ans. Lorsqu’on lui demande d’expliquer ce qu’est une baleine, il répond : « Ça nage de l’eau….euh, une sorte de baleine, aspire de loin pour aspirer les poissons. » Son phrasé destructuré illustre une partie des symptômes du trouble spécifique du langage oral, l’autre nom de la dysphasie.
La dysphasie peut altérer l’expression du langage, sa réception, ou les deux. Pour ne citer que quelques exemples, cette famille de trouble se caractérise par des paroles indistinctes, des problèmes de syntaxe, l’expression par des mots isolés, des constructions de phrases atypiques, l’omission des mots de liaison, le recours exagéré à des expressions telles que « chose », « machin », « truc », la difficulté à exprimer des idées ou concepts abstraits, etc…
Cette pathologie, peu connue, est assez fréquente, puisque l’on considère qu’elle touche, sous une forme ou une autre, 2% de la population, et concerne près d’1,3 millions de personnes en France.
Ce trouble n’est pas la conséquence d’un manque de stimulation, d’un déficit sensoriel (par exemple auditif), ni d’une déficience intellectuelle. Au contraire, ces enfants présentent souvent une intelligence logique ou visuelle normale et ont un désir de communiquer, ce qui persiste à l’adolescence ou à l’âge adulte.
La dysphasie peut frapper des enfants sans histoire médicale particulière, et plus particulièrement les garçons. L’origine de ce trouble pourrait être génétiques ou résulter d’anomalies structurelles cérébrales non identifiées à ce jour.
Les répercussions
Les personnes dysphasiques ont du mal à transmettre aisément des informations, des sentiments, à réciter des leçons, à raconter des histoires, à dialoguer, et ont des difficultés dans toutes les restitutions orales. Parfois ils ont également des difficultés à comprendre ce qui est transmis oralement.
Leurs capacités d’apprentissages et de socialisation sont fréquemment entravées, à l’école comme ailleurs. Le cumul de ces difficultés peut les amener à s’isoler, à avoir une mauvaise estime d’eux-même et parfois même à avoir des troubles psychiatriques associés.
La prise en charge
Les symptômes de la dysphasie apparaissent vers 2-3 ans. Ce qui va la différencier d’un simple retard de langage, c’est l’inefficacité d’une rééducation orthophonique classique. L’orthophoniste peut alors proposer un parcours d’accompagnement adapté aux besoins spécifiques de chaque enfant, pour l’aider à pallier ses difficultés. Plus la prise en charge est précoce, plus les résultats sont au rendez-vous.