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Pauline Clément : « l’école ne m’aimait pas et je ne l’aimais pas ».

Dyscalculique, dysorthographique et légèrement dyslexique, Pauline Clément a surmonté les écueils de l'échec scolaire pour devenir actrice et pensionnaire à la Comédie Française.

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    20/11/2023

    Fille d’une professeure de français et d’un médecin, Pauline Clément découvre lorsqu’elle redouble son CE1 qu’elle est dyscalculique, dysorthographique et légèrement dyslexique. Petite, l’école l’ennuie, elle préfère passer ses journées à inventer des histoires et à incarner des personnages imaginaires. En échec scolaire, elle découvre à 14 ans l’improvisation et le théâtre. Cette passion qui ne l’a jamais quittée est devenu son métier : à 37 ans, Pauline Clément est aujourd’hui une actrice espiègle bourrée de talent, pensionnaire de la Comédie Française depuis 2015. Rencontre avec une jeune femme qui a plus d’un tour dans son sac.

    L’école : le souvenir de journées interminables

    Lorsque Pauline Clément se souvient de ses années d’école, son résumé a le mérite d’être clair, net et…concis : « j’étais nulle en orthographe et en maths, je ne comprenais rien aux calculs.  L’école ne m’aimait pas et je n’aimais pas l’école.»

    Ses parents, désemparés, l’inscrivent à des cours de soutien après l’école avec « des maîtresses très sympathiques qui essayaient de m’aider. Mais en fait ces méthodes ne me convenaient pas, je m’épuisais après la classe, c’était très pesant et décourageant.  »

    D’autant que Pauline, elle, n’a qu’une envie, qu’une obsession : rentrer chez elle. Et jouer. « J’avais la sensation de gâcher ma journée, alors que ma chambre regorgeait de mondes imaginaires, d’aventures à explorer, de playmobils à installer. Les journées à l’école étaient interminables!  »

    Son CE1 redoublé, elle poursuit cahin-caha l’école élémentaire, puis le début du collège. Jusqu’en fin de 5ème, où elle est réorientée, dans une filière technique :  menuiserie et électricité. « C’était  toujours très difficile au niveau des apprentissages, car il faut maîtriser les maths, les proportions. Le temps ne passait pas et l’ambiance de classe était catastrophique, avec  95 % des élèves qui étaient des garçons à la puberté… très agitée.  »

    Pauline tient tout de même deux ans, avant d’être à nouveau réorientée. Cette fois en CAP esthétique. Un parcours qu’elle adore, car elle prend très à cœur de bien « présenter ».  Une fois son CAP validé en revanche, animée par ce besoin de jouer qui ne l’a jamais quitté, elle demande à ses parents la permission de s’offrir une année sabbatique. Elle veut apprendre le théâtre professionnellement. Mais promis, jure-t-elle alors :  l’année suivante, elle reprendra les cours en bac pro esthétique.

    Mais pourquoi tu ne t’inscris pas pour passer les concours ?

    Elle a découvert la comédie grâce à un cours de théâtre amateur et se souvient encore, la voix enjouée : « j’adorais y aller, j’étais heureuse, je pouvais accentuer toutes mes tares, et laisser libre cours à ma créativité, même s’il m’était difficile d’apprendre mes textes. »
    Pendant 3 ans, elle passe ses journées à improviser, jouer, travailler. Si épanouie qu’elle en oublie sa dyslexie.
    Oubliée la promesse de bac pro esthétique ! Inscrite au cours Florent après son CAP, elle y reste 3 ans avant de rejoindre, pendant 2 ans, l’École du Studio Théâtre d’Asnières. Un jour son professeur de théâtre s’interroge sur le fait qu’elle ne se soit pas inscrite, comme tous ses camarades, pour passer les concours. Pauline se dit « extrêmement surprise », qu’on puisse penser qu’elle pourrait y arriver, elle pour qui l’échec était devenu la norme.
    En 2011 pourtant, sur « un coup de chance » dit-elle, parce qu’il y avait eu un désistement, elle réussit le très sélectif concours du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Pendant 3 ans, elle passe ses journées à improviser, jouer, travailler. Si épanouie qu’elle en oublie sa dyslexie.

    Trouver sa voie

    En 2015, la jeune femme qui s’endort dès qu’on lui parle de chiffres et voit « les lettres danser sous ses yeux » intègre la prestigieuse institution qu’est la Comédie Française. Pauline se souvient encore du premier texte qu’elle a du apprendre : « Les derniers jours de l’humanité » de Karl Kraus, comporte un très long monologue de fin qui lui faisait un peu peur. Pour y arriver, elle demande de l’aide aux siens.

    On m’a tellement dit que trouver ma voie serait très compliqué, qu’aujourd’hui encore, j’ai du mal à réaliser que je suis comédienne à la Comédie Française

    « Depuis, j’ai toujours cette technique, confie-t-elle. ma mère ou mon frère se relaient à tour de rôle pour me faire réciter,  une fois, deux fois, trois fois, on fait et on refait, jusqu’à ce que je le connaisse, sur le bout des doigts, c’est donc toujours très long, » dit-elle en souriant.  « On m’a tellement dit que trouver ma voie serait très compliqué, qu’aujourd’hui, encore j’ai du mal à réaliser que je suis comédienne à la Comédie Française, d’ailleurs, je ne me penche pas sur l’histoire de la maison de peur de me sentir minuscule ». Entre les rôles classiques au  théâtre, l’improvisation, la mini-série Broute, parodie face caméra du média d’actualité Brut qui a fait un carton sur Canal + et le cinéma, il n’y a pourtant pas de quoi se sentir minuscule.

    Propos recueillis par Elvire Cassan

     

     

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