Fille d’une professeure de français et d’un médecin, Pauline Clément découvre lorsqu’elle redouble son CE1 qu’elle est dyscalculique, dysorthographique et légèrement dyslexique. Petite, l’école l’ennuie, elle préfère passer ses journées à inventer des histoires et à incarner des personnages imaginaires. En échec scolaire, elle découvre à 14 ans l’improvisation et le théâtre. Cette passion qui ne l’a jamais quittée est devenu son métier : à 37 ans, Pauline Clément est aujourd’hui une actrice espiègle bourrée de talent, pensionnaire de la Comédie Française depuis 2015. Rencontre avec une jeune femme qui a plus d’un tour dans son sac.
L’école : le souvenir de journées interminables
Lorsque Pauline Clément se souvient de ses années d’école, son résumé a le mérite d’être clair, net et…concis : « j’étais nulle en orthographe et en maths, je ne comprenais rien aux calculs. L’école ne m’aimait pas et je n’aimais pas l’école.»
Ses parents, désemparés, l’inscrivent à des cours de soutien après l’école avec « des maîtresses très sympathiques qui essayaient de m’aider. Mais en fait ces méthodes ne me convenaient pas, je m’épuisais après la classe, c’était très pesant et décourageant. »
D’autant que Pauline, elle, n’a qu’une envie, qu’une obsession : rentrer chez elle. Et jouer. « J’avais la sensation de gâcher ma journée, alors que ma chambre regorgeait de mondes imaginaires, d’aventures à explorer, de playmobils à installer. Les journées à l’école étaient interminables! »
Son CE1 redoublé, elle poursuit cahin-caha l’école élémentaire, puis le début du collège. Jusqu’en fin de 5ème, où elle est réorientée, dans une filière technique : menuiserie et électricité. « C’était toujours très difficile au niveau des apprentissages, car il faut maîtriser les maths, les proportions. Le temps ne passait pas et l’ambiance de classe était catastrophique, avec 95 % des élèves qui étaient des garçons à la puberté… très agitée. »
Pauline tient tout de même deux ans, avant d’être à nouveau réorientée. Cette fois en CAP esthétique. Un parcours qu’elle adore, car elle prend très à cœur de bien « présenter ». Une fois son CAP validé en revanche, animée par ce besoin de jouer qui ne l’a jamais quitté, elle demande à ses parents la permission de s’offrir une année sabbatique. Elle veut apprendre le théâtre professionnellement. Mais promis, jure-t-elle alors : l’année suivante, elle reprendra les cours en bac pro esthétique.
Mais pourquoi tu ne t’inscris pas pour passer les concours ?
Pendant 3 ans, elle passe ses journées à improviser, jouer, travailler. Si épanouie qu’elle en oublie sa dyslexie.
Trouver sa voie
En 2015, la jeune femme qui s’endort dès qu’on lui parle de chiffres et voit « les lettres danser sous ses yeux » intègre la prestigieuse institution qu’est la Comédie Française. Pauline se souvient encore du premier texte qu’elle a du apprendre : « Les derniers jours de l’humanité » de Karl Kraus, comporte un très long monologue de fin qui lui faisait un peu peur. Pour y arriver, elle demande de l’aide aux siens.
On m’a tellement dit que trouver ma voie serait très compliqué, qu’aujourd’hui encore, j’ai du mal à réaliser que je suis comédienne à la Comédie Française
« Depuis, j’ai toujours cette technique, confie-t-elle. ma mère ou mon frère se relaient à tour de rôle pour me faire réciter, une fois, deux fois, trois fois, on fait et on refait, jusqu’à ce que je le connaisse, sur le bout des doigts, c’est donc toujours très long, » dit-elle en souriant. « On m’a tellement dit que trouver ma voie serait très compliqué, qu’aujourd’hui, encore j’ai du mal à réaliser que je suis comédienne à la Comédie Française, d’ailleurs, je ne me penche pas sur l’histoire de la maison de peur de me sentir minuscule ». Entre les rôles classiques au théâtre, l’improvisation, la mini-série Broute, parodie face caméra du média d’actualité Brut qui a fait un carton sur Canal + et le cinéma, il n’y a pourtant pas de quoi se sentir minuscule.